OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [LIVE] Côte d’Ivoire: la situation à Abidjan http://owni.fr/2011/04/01/cote-d-ivoire-abidjan-gbagbo-ouattara/ http://owni.fr/2011/04/01/cote-d-ivoire-abidjan-gbagbo-ouattara/#comments Fri, 01 Apr 2011 10:09:22 +0000 Admin http://owni.fr/?p=54722 OWNI vous a proposé de suivre la journée de vendredi en direct via storify : retrouvez les dernières mises à jour sur la situation en haut, puis des informations sur le clan Gbagbo et en bas sur le système Ouattara.

Ce liveblogging est maintenant clôturé, il reprendra dans les jours qui viennent en fonction de l’actualité. Merci de l’avoir suivi !

Retrouvez notre dossier complet sur la Côte d’Ivoire et le témoignage de Nemo, blogueur ivoirien exilé.

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Pourquoi j’ai quitté Abidjan http://owni.fr/2011/03/31/pourquoi-jai-quitte-abidjan/ http://owni.fr/2011/03/31/pourquoi-jai-quitte-abidjan/#comments Thu, 31 Mar 2011 16:30:48 +0000 Nemo http://owni.fr/?p=54602 Je suis Nemo, twittos ivoirien. Je ne suis pas journaliste, juste un cadre dans le privé à Abidjan. Je tiens également un blog. Pour des raisons de sécurité, je préfère utiliser un pseudo. Je suis devenu par la force des choses l’une des personnes les plus actives et les plus suivies sur le fil d’actualité twitter de la Côte d’Ivoire (#civ2010).

Ce fil a été créé en octobre 2010 par des Ivoiriens pour couvrir l’élection présidentielle maintes fois reportée depuis 2005. La campagne pour l’élection a été couverte et le fil a aussi servi à diffuser l’ambiance dans les bureaux de vote par les twittos volontaires. Ensuite, nous y avons relayé les résultats que la Commission Électorale Indépendante publiait en direct sur la Radio Télévision Ivoirienne (RTI). Et toute l’actualité de la Côte d’Ivoire a fini par y passer.

Je twitte, on me menace

Dans le cadre de mon travail et pour mon information, je vais beaucoup sur le terrain et j’ai des remontées d’information bien souvent avant la majorité des gens. J’ai suivi et relayé de très près les manifestations du 16 décembre 2010 à Abidjan où Guillaume Soro appelait les Ivoiriens à prendre d’assaut la RTI. Et j’ai souvent été là où les événements se produisent. Avec ma connexion mobile, je faisais rapidement des mises à jour sur Twitter. J’ai aussi des contacts dans les villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire avec qui j’échange de nombreuses informations.

Et je suis aussi un twittos engagé pour le respect de la démocratie, le respect du vote populaire, le respect de la dignité et des droits humains. J’ai donc des prises de position contre le président sortant Laurent Gbagbo. Vivant à Abidjan, j’ai souvent dénoncé les exactions des forces pro-Gbagbo commises dans la ville sur les populations civiles. J’ai été parfois sur le terrain et j’ai vu des affrontements, et bien d’autres choses horribles. J’ai relayé les abus des jeunes patriotes aux barrages à Abidjan.

Mon audience sur Twitter n’a fait que croître et je suis devenu contributeur sur Global Voices. Des personnes n’ont pas aimé cela et j’ai commencé à recevoir des mentions de mauvais goût sur Twitter :

  • Nemo, ça va chez xxxxx (le nom de mon employeur)
  • Nemo, ta femme est toujours chez xxxxx (le nom de son employeur)
  • Nemo et ta petite voiture rouge ?

Bref, des messages pour me faire comprendre qu’on me connaît et pour essayer de m’intimider. Je n’ai pas pris cela très au sérieux au départ. Et un jour je reçois un message direct me disant qu’on sait tout de moi et qu’on va me faire taire.

Le droit de tuer est donné à quiconque démasque un « rebelle »

Dans un environnement où les gens se font tuer pour rien, j’ai compris que j’étais en danger. En effet, à Abidjan en ce moment, le droit de tuer est donné à quiconque démasque un « rebelle ». Le rebelle, c’est toute personne qui s’oppose au pouvoir de Laurent Gbagbo. On a ainsi vu des personnes se faire brûler vives, d’autres tuées à coups de pierres. Pour les autres, des groupes de jeunes en cagoules conduits par des anciens leaders de la FESCI – Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (pro-Gbagbo) – s’occupent à piller les domiciles.

Ainsi, sous l’œil bienveillant de la police, les domiciles de plusieurs personnes ont été saccagés, pillés et il y a même eu un drame chez Touré Amed Bouah. J’ai ainsi pu faire une liste non exhaustive des domiciles déjà visités :

  • Amichia François, maire de Treichville, et son père, Adama Toungara, maire d’Abobo et ministre des Mines et de l’Énergie
  • Charles Koffi Diby, ministre de l’Économie et des Finances
  • Albert Mabri Toikeusse, ministre du Plan et du Développement
  • le général François Konan Banny, la maison familiale de Jean-Baptiste Ekra
  • Adama Bictogo, Amadou Koné, Zemogo Fofana, Sidy Diallo, Sidiki Konaté, Meité Sindou, Mme Constance Yaï

J’ai compris qu’Internet était surveillé par des personnes proches de Gbagbo pour fournir les renseignements sur les cyber-activistes. Le jour où le porte-parole des Forces Nouvelles, Alain Lobognon, [ndlr : pro-Ouattara] a révélé son identité sur Twitter, son domicile a été pillé et les affaires qui n’ont pas emportées ont été saccagées par des miliciens pro-Gbagbo.

Sur Facebook, des individus et des groupes pro-Gbagbo ont été montés et des personnes s’adonnent à la délation en citant les noms des personnes à abattre. Des anonymes ont même fait la liste des personnes qui produisent des « tweets terroristes » et j’en faisais partie.

Dans le même temps, les affrontements dans la ville d’Abidjan se rapprochaient dangereusement de mon domicile. Et ayant déjà vu des maisons entièrement détruites par des obus, la crainte s’est installée dans mon esprit.

Mais j’ai commencé à avoir très peur lorsque les barrages filtrants ont fait leur apparition dans les quartiers largement favorables à Laurent Gbagbo tels que Yopougon et Port-Bouet. Sur ces barrages sauvages, des jeunes patriotes contrôlent les pièces d’identité des passants et peuvent avoir le droit de vie ou de mort, en plus du racket systématique. Les étrangers ressortissants de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) ainsi que des ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire en ont souffert. Ayant un patronyme nordique, j’ai dû limiter mes déplacements, mais j’avais quand même peur.

J’ai poussé un soupir de soulagement après les contrôles policiers et douaniers à l’aéroport

Des amis m’ont dit de faire attention et j’ai pris quelques dispositions : j’ai déménagé, changé mes habitudes, rendu mes profils anonymes, limiter mes déplacements, travail à domicile avec un VPN. Ensuite, vu la baisse drastique de nos activités au bureau, j’ai demandé mes congés et ma femme aussi. Dans l’immédiat, j’ai informé mon frère qui vit à l’étranger et j’ai pris toutes les espèces que nous avions pour payer les billets d’avion et le rejoindre.

À l’aéroport, je n’étais pas rassuré vu que des personnes sont régulièrement empêchées de sortir du pays. J’ai poussé un soupir de soulagement après les contrôles policiers et douaniers. C’est ainsi que je suis arrivé comme un réfugié à l’étranger laissant presque toutes mes affaires à Abidjan.

Les perspectives ? Je n’y pense pas trop ! Je suis déjà content de rentrer chez moi sans me demander si je vais recevoir de la visite musclée. Mais au fond mon cœur est à Abidjan avec mon emploi, mes affaires et tout le reste.

Retrouvez notre dossier consacré à la Côte d’Ivoire.

Crédits Photo FlickR CC : Y-Voir-Plus / Thomas Hawk

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Milices ou armées, quelle guerre en Côte d’Ivoire? http://owni.fr/2011/03/29/milices-ou-armees-quelle-guerre-en-cote-d-ivoire/ http://owni.fr/2011/03/29/milices-ou-armees-quelle-guerre-en-cote-d-ivoire/#comments Tue, 29 Mar 2011 15:26:30 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=54074 La Côte d’Ivoire est-elle à la veille d’une guerre civile? Les récents appels à l’enrôlement de civils dans l’armée lancés par Charles Blé Goudé, ministre de la jeunesse et responsable des Jeunes Patriotes font craindre le pire. Le 21 mars, ce proche du président sortant Laurent Gbagbo appelait les adhérents de son mouvement à rejoindre l’armée. Autrement dit, à constituer une large milice. Samedi et dimanche derniers, un grand rassemblement, en forme de démonstration de force, a réuni les Jeunes Patriotes à Abidjan dans un quartier acquis à Gbagbo. L’enrôlement de civils n’est pas inédit en Côte d’Ivoire, comme le rappelle Bernard Conte, chercheur spécialisé sur la Côte d’Ivoire au Centre d’Étude de l’Afrique Noire de Bordeaux :

En 2002, des milices avaient été constituées et le désarmement, officiellement annoncé, n’a été suivi que très partiellement dans les faits.

Aucun désarmement n’a eu lieu avant l’élection présidentielle du 28 novembre dernier.

Les Forces de Défense et de Sécurité fidèles à Gbagbo

L’armée ivoirienne – les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) – est restée fidèle à Laurent Gbagbo. Blé Goudé a exhorté les Jeunes Patriotes à s’enrôler en son sein. La mobilisation qui a suivi a été forte, mais le chiffre de 100 000 enrôlements avancé par Blé Goudé paraît peu crédible à Bernard Conte. Pour Philippe Hugon, chercheur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), 20 000 personnes auraient suivi l’appel de Blé Goudé. D’autres sources évoquent un succès très relatif de cet appel qui témoignerait d’un épuisement des canaux de recrutement traditionnels. Les Jeunes Patriotes constituent habituellement un terreau de recrutement pour le clan de Laurent Gbagbo.

“La distribution des armes reste encore limitée”, explique Philippe Hugon. Les FDS recevraient des armes d’Angola, un État allié de longue date à la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo. Ce soutien n’est pas indéfectible. L’Angola a lâché le président sortant jeudi dernier en reconnaissant le président élu Alassane Ouattara. Bernard Conte émet aussi des réserves sur l’envoi de matériel de guerre, les voies maritimes étant très surveillées.

Combats à l’arme lourde

Les Forces de Défense et de Sécurité disposent d’un arsenal militaire important, y compris du matériel lourd : mortiers, lance-roquette et hélicoptères de combat. La vigueur des affrontements en cours laisse penser que les forces de Ouattara disposent aussi d’armes lourdes. Des tirs d’obus et de mortiers ont été entendus hier à Duékoué dans le cadre d’une large offensive des Forces Républicaines vers deux villes de l’Ouest, Duékoué et Daloa, et une ville de l’Est du pays, Bondoukou. Verrouiller l’Ouest permettrait aux forces de Ouattara d’empêcher Laurent Gbagbo de recruter des miliciens du Libéria, voisin à l’Ouest. En décembre, 2 000 à 3 000 miliciens libériens stationnaient dans la région.

Les Forces Républicaines assurent avoir pris le contrôle de Duékoué. Philippe Hugon rappelle les faiblesses de l’armée de Ouattara :

Les forces d’Alassane Ouattara, notamment le Commando Invisible, ne sont pas très aguerries. Ce sont beaucoup de caporaux qui sont soudainement devenus généraux. Ils ont plus une tradition de prédation que de combat.

Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, bénéficie du soutien du Burkina Faso, pays frontalier au Nord. Les armes des Forces Républicaines pourraient être fournies par Ouagadougou, ce qui pose la question de leur transport vers le Sud où les forces de Ouattara sont rassemblées.

L’ONU recense 462 morts depuis le début de la crise, il y a quatre mois. Le scénario de la guerre civile n’est pas exclu même si Laurent Gbagbo apparaît en difficulté. Les désistements augmenteraient au sein des FDS. L’asphyxie financière sur Laurent Gbagbo commence à faire effet : il sera difficile de payer les fonctionnaires et l’armée au mois de mars. “Les motivations des Jeunes Patriotes enrôlés dans les FDS sont largement économiques, s’ils ne sont pas payés, ils passeront dans le camp adverse” confie Bernard Conte. Avant d’avertir : “Gbagbo est une bête blessée, il peut très bien tenter le tout pour le tout en se lançant dans la guerre civile”.

Un scénario crédible pour Philippe Hugon qui insiste sur le discours ethnonationaliste très violent des Jeunes Patriotes.

La haine de l’étranger fait craindre le pire en cas de bataille à Abidjan. Sur ce point, on peut faire un rapprochement avec la situation au Rwanda [avant le génocide].

Constitution de milices, combats à Abidjan et dans le reste du pays, le cessez-le-feu signé en 2003 est plus que jamais menacé. Créée en 2004, l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) est chargée de faire respecter ce cessez-le-feu. Elle compte environ 10 000 casques bleus, soutenus par la force Licorne, un bataillon français d’environ 900 militaires stationnés à Abidjan.

Mise à jour le 30 mars à 16h15

La force Licorne est composée par la 2e brigade blindée, le 12e régiment des cuirassiers, le 6e et le 13e régiments de Génie, le 16e bataillon de chasseurs et le 7e régiment du matériel. Selon l’état major des armées contacté par OWNI, environ 150 militaires français ont renforcé la force Licorne il y a quelques semaines en raison de la dégradation de la situation.

Retrouvez notre dossier complet sur la Côte d’Ivoire : Le “bank run” de la Côte d’Ivoire, un pari tragique ? et N’ajoutons pas la panique au drame en Côte d’Ivoire

Images de Une réalisée par Marion Boucharlat

Crédits Photo FlickR CC : United Nations Photo / Kyle May/ Wikimedia Commons

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