OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [vidéo] Séisme du Japon: comme une trainée de poudre sur Twitter http://owni.fr/2011/04/25/video-seisme-du-japon-comme-une-trainee-de-poudre-sur-twitter/ http://owni.fr/2011/04/25/video-seisme-du-japon-comme-une-trainee-de-poudre-sur-twitter/#comments Mon, 25 Apr 2011 11:42:29 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=58985 Repérée par Global Voices, cette vidéo montre comment la nouvelle du tremblement de terre qui a frappé le Japon le 11 mars dernier a fait le tour de Twitter très vite. L’auteur, Rio Akasaka, qui étudie les interfaces homme-machine à l’Université de Stanford, s’est fondé sur l’utilisation du mot-clé « earthquake » pour élaborer ses infographies évoluant dans le temps. Les chiffres, qui ne concernent que les heures qui ont suivi les faits, sont impressionnants : ainsi, il a compté jusqu’à 2.300 tweets par minute. Le résultat est déjà impressionnant, imaginons ce que cela aurait donné s’il avait rajouté la traduction du terme dans chaque pays pour effectuer ses calculs.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Image Flickr AttributionShare Alike Kordian

]]>
http://owni.fr/2011/04/25/video-seisme-du-japon-comme-une-trainee-de-poudre-sur-twitter/feed/ 31
La résilience des économies face aux catastrophes naturelles http://owni.fr/2011/03/23/japon-resilience-economique-catastrophes/ http://owni.fr/2011/03/23/japon-resilience-economique-catastrophes/#comments Wed, 23 Mar 2011 07:29:59 +0000 Cyril Hedoin http://owni.fr/?p=52810 L’économiste français du XIXe siècle Frédéric Bastiat est essentiellement connu pour sa plume et sa capacité à exposer au grand jour les erreurs de raisonnement économique qui étaient communes à son époque… et qui le sont toujours aujourd’hui. Ce qui est connu sous le nom du sophisme de la vitre cassée est une des analyses les plus célèbres de Bastiat.

L’économiste français y réfute l’idée que la destruction de biens dans une économie est automatiquement bénéfique pour cette économie, puisque générant de l’activité pour remplacer les biens détruits. L’argument repose simplement sur l’idée de coût d’opportunité : une vitre cassée doit être remplacée, ce qui génère effectivement de l’activité et un revenu pour l’agent qui remplace la vitre. Mais les ressources dépensées pour remplacer la vitre (le coût de production pour le producteur ainsi que le prix payé par le demandeur) auraient pu être utilisées à d’autres fins plus bénéfiques pour l’économie.

L’occurrence de catastrophes naturelles comme le tremblement de terre au Japon est évidemment propice à des arguments reposant sur le sophisme de la vitre brisée. Après tout, l’économie japonaise qui est en crise depuis plus de 20 ans ne va-t-elle pas pouvoir se relancer par le biais de grands travaux de reconstruction ? J’avoue ne pas avoir entendu ces derniers jours cet argument fallacieux autant que je ne l’aurais pensé, si ce n’est chez Jean-Marc Sylvestre (mais est-ce vraiment surprenant ?). Cet article de James Surowiecki [en] montre cependant que l’impact des catastrophes naturelles sur l’économie est intéressant pour d’autres raisons que le sophisme de la vitre brisée. Surowiecki développe deux point différents mais complémentaires.

Premier point, même s’il est évident que l’économie japonaise va souffrir des répercussions du tremblement de terre, il est peu probable que l’activité économique soit affectée sur le long terme. Cela met en avant un aspect fondamental des économies de marché qui fonctionnent bien : leur résilience, c’est-à-dire leur capacité à s’adapter et à se réorganiser face à des chocs exogènes.

Les économies de marché sont ce que l’on appelle des « systèmes complexes adaptatifs » : précisément parce que le calcul d’ajustement n’est à la charge de personne en particulier mais de tout le monde en général, les économies de marché reposent sur des mécanismes d’adaptation décentralisés où chaque « module » (agent) se coordonne avec les autres par le biais de signaux synthétiques tels que le prix. Cette résilience est directement la conséquence d’une propriété de l’institution du marché soulignée par Hayek dès 1945 dans ce qui restera l’un des articles les plus importants de l’histoire de la discipline : le marché coordonne les actions en incitant tous les agents à révéler leur information privée concernant leurs préférences, leurs coûts de production, leurs anticipations etc. Ce faisant, le « marché » peut faire usage d’une information qui ne serait jamais à la disposition du planificateur.

Les pays en développement extrêmement vulnérables aux chocs exogènes

Tout ceci est très idéalisé mais n’est pas que théorique. Bien entendu, pour bien fonctionner, une économie de marché a besoin d’autres choses que de la seule institution du marché. Mais l’analyse des taux de croissance sur longue période des différents pays dans le monde fait ressortir un fait stylisé intéressant : ce qui caractérise les pays développés, ce n’est pas des taux de croissance particulièrement élevés. Même les pays très pauvres connaissent des taux de croissance très élevés (5 à 10%) certaines années.

La différence fondamentale est que les pays en développement sont extrêmement vulnérables aux chocs exogènes, ce qui se traduit par le fait que les années de croissance positive sont en moyenne neutralisées par des années de croissance négative. Dans leur ouvrage Violence and Social Order, North, Wallis et Weingast ont compilé quelques statistiques à ce sujet et les résultats sont éloquents. Entre 1950 et 2004, les pays avec un revenu moyen par habitant supérieur à 20.000$ (et sans pétrole) ont eu un taux de croissance positif dans 84% des cas. Ce taux baisse avec le revenu par habitant, pour tomber à 53% pour les pays les plus pauvres.

Bref, tous les pays ne sont pas égaux devant les catastrophes naturelles : là où Haïti va probablement mettre plus d’une décennie pour récupérer sur un plan économique du séisme de l’an passé, il est fort possible que le Japon, grâce à son économie de marché et à ses autres institutions, se rétablisse très rapidement.

Sortir du sentier pour accomplir un bond technologique et institutionnel

Le second point souligné par l’article de Surowiecki est plus surprenant mais est finalement tout à fait conforme à la représentation de l’économie comme un système complexe avec équilibres multiples : un choc exogène, par les destructions qu’il occasionne, peut permettre à une économie de sortir du sentier technologique et institutionnel dans lequel elle était enfermée et qui pouvait tout à fait être sous-optimal.

L’idée est simple et, d’après l’article de Surowiecki, semble être corroborée empiriquement : la dépendance au sentier [en] résulte du fait que les coûts consécutifs à un changement technologique ou institutionnel sont trop élevés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent. La dépendance au sentier est souvent le résultat d’un problème de coordination : tout le monde serait mieux si on utilisait la technologie X, mais tant que les utilisateurs de la technologie Y dépassent une certaine masse critique, personne n’a intérêt à changer de technologie.

Cela est caractéristique de tout système complexe avec deux attracteurs stables ou plus : pour converger vers le second attracteur il faut sortir du bassin d’attraction du premier, ce qui souvent va requérir une action collective sous forme de coordination planifiée, et donc difficile à mettre en œuvre. Un choc exog

ène peut faciliter la transition : le capital détruit par la catastrophe naturelle doit de toute façon être remplacé, générant ainsi des coûts inévitables. Cela rend de fait le changement technologique (ou institutionnel) plus intéressant : si le coût individuel pour passer de la technologie Y à la technologie X était de c avec un bénéfice b et que c > b, alors le changement n’était pas intéressant.

Mais, si en raison de la catastrophe, le remplacement du capital correspondant à la technologie Y est c’, alors on voit que le changement de technologie devient intéressant dès lors que c – c’ < b (c’est à dire que le bénéfice lié au changement de technologie excède le coût de changement technologique moins le coût de remplacement du capital qui doit de toute façon être remplacé). Cela est encore plus vrai si la rentabilité d’une technologie dépend du nombre d’utilisateurs (parce qu’il y a des rendements croissants par exemple).

En conclusion, même s’il est faux de dire qu’une catastrophe naturelle « relance » une économie, toutes les économies ne sont pas aussi vulnérables face à des chocs exogènes et, dans certains cas, une catastrophe peut permettre le basculement d’un équilibre sous-optimal à un équilibre pareto-supérieur. Ce dernier point reste toutefois à mon avis à relativiser et est de toute façon difficilement maitrisable par les pouvoirs publics (je dis juste ça au cas où certains verraient dans les catastrophes naturelles un nouveau moyen de faire de la politique économique structurelle…).

Article initialement publié sur le blog Rationalité limitée

>> Illustrations flickr CC Douglas Sprott ; dugspr ; US Marines

]]>
http://owni.fr/2011/03/23/japon-resilience-economique-catastrophes/feed/ 5
[Révélations] Areva au coeur du réacteur de Fukushima http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/ http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/#comments Tue, 15 Mar 2011 16:29:21 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=51401 Dès le mois de mai 2001, Greenpeace préconisait de renoncer à utiliser du MOX, un combustible nucléaire, dans les réacteurs de Fukushima, dans le cadre d’une procédure conduite aux États-Unis. Comme le montre des courriers adressés à l’Autorité de sûreté nucléaire américaine (fac-similé ci-dessous). En cause : la nature des installations de Fukushima (de type “BRW”, réacteur à eau bouillante), la complexité de l’élaboration du produit et l’exigence attenante d’un contrôle méticuleux du processus de fabrication. Greenpeace écrivait alors:

La sécurité des réacteurs nucléaires alimentés par le MOX est sérieusement compromise par deux éléments importants : les problèmes liés à sa conception et le contrôle qualité des pastilles de MOX, ainsi que les différences de comportement entre le plutonium et l’uranium au sein du réacteur.

….

……….

L’ONG s’appuyait sur une étude réalisée en 1999 par E. S. Lyman [en]. Le chercheur analysait l’incidence du MOX sur le déclenchement d’accidents nucléaires au Japon. Et l’organisation de conclure sur l’accroissement du “risque d’un accident de fusion du cœur de réacteur” par le seul usage de ce combustible, dont “les propriétés physiques, qui sont différentes d’un réacteur ordinaire, alimenté en dioxyde d’uranium, affectent les performances thermiques et mécaniques des assemblages combustibles. (p.35)

En particulier, le MOX est extrêmement réactif : il entre en fusion beaucoup plus rapidement que l’uranium enrichi. “Son point de fusion est plus faible“, précise à OWNI Lauri Myllyvirta, en charge de l’énergie à Greenpeace International. Son rôle dans l’accident nucléaire actuel, en revanche, reste difficile à déterminer, poursuit la militante :

L’état du combustible, l’étendue des dégâts, au sein du réacteur 3 restent peu clairs, en conséquence, définir s’il s’agit ou non d’un facteur de l’accident reste une question ouverte. Mais l’utilisation du combustible MOX a réduit les marges de sécurité et a rendu la situation beaucoup plus difficile à gérer pour les opérateurs, tout en augmentant quelque part les émanations radioactives.

Dans la ligne de mire de Greenpeace, Areva, principal fournisseur de la centrale de Fukushima – et dont la filiale, Melox, détient 95% du marché du MOX. Areva approvisionne la centrale en uranium-235, comme le montre l’une des licences d’exportation attribuée par la Nuclear Regulatory Commission (NRC), chargée de la supervision des activités nucléaires (voir ci-dessous). Mais elle l’alimente aussi en MOX depuis septembre 2010..

Pour Nathalie Bonnefoy, responsable de la communication de Melox, “le type de combustible utilisé n’est pas lié à la situation actuelle” de Fukushima. “En exploitation normale, avance-t-elle, les réacteurs au MOX ou à l’uranium enrichi ont les mêmes performances”. Quid de l’utilisation du MOX dans le cas d’une situation exceptionnelle comme celle du réacteur 3 de Fukushima ? “À ce stade, il n’y a aucun lien.”

Une absence de lien toute relative pour Shaun Burnie, l’un des auteurs du rapport de Greenpeace de 2000, qui s’est confié à OWNI. Selon lui :

Le MOX est la matière la plus dangereuse de la planète, toutes substances confondues, bien plus que l’uranium. Les enjeux financiers autour du MOX priment sur la connaissances de ses effets sur la santé publique.

“Dans la demi-heure qui a suivi le tremblement de terre, toutes les personnes qui connaissent les affaires de Fukushima pouvaient se douter de ce qui allait arriver, c’était prévisible”, affirme encore l’expert anglais, qui dénonce ces risques depuis plus de dix ans.

En marge de la complexité du combustible, Greenpeace pointait également du doigt la faiblesse des normes qualité de Belgonucléaire, en charge, à la fin des années 1990, de l’assemblage du MOX, avant le recentrage de la production sur la filiale d’Areva :

Ce que montre les preuves, c’est que Belgonucléaire n’a pas produit les assurances suffisantes que le combustible nucléaire MOX Fukushima-1-3 a été produit selon les plus hauts critères de qualité, et que dans l’éventualité d’un incident il resterait intact.

Falsification des contrôles qualité

En outre, on sait depuis 2002 que Tepco (Tokyo Electric Power Company), la compagnie électrique qui exploite la centrale de Fukushima, a falsifié les résultats des contrôles qualité menés sur certains de ses réacteurs. Deux ans plus tôt dans son rapport, Greenpeace suspectait aussi fortement Belgonucléaire de falsification. À l’époque, un scandale similaire éclatait, impliquant l’un des concurrents du fournisseur belge, la British Nuclear Fuels Limited (BNFL), et “forçant, écrivait alors Greenpeace, à repousser tous les projets MOX au Japon” (p.7). Et d’ajouter : “des preuves ont indiqué que les problèmes qui ont mené à la falsification des données du contrôle qualité du combustible MOX à la BNFL pouvaient avoir été rencontrés à Belgonucléaire.” (p.7)

Un rapport du Département à l’Énergie américain, daté de 2003, revient par ailleurs sur l’existence de falsifications, expliquant que “des fissures dans les structures qui maintiennent le combustible nucléaire en place dans le cœur des réacteurs des centrales Tepco” avaient été dissimulées. (p.8).

……….

Cette révélation a entraîné la démission de nombreux cadres de Tepco, ainsi que la fermeture, pendant une année, de la centrale de Fukushima. Elle explique aussi la suspension de la livraison de MOX à Fukushima, entre 1999 et 2010. À l’époque du rapport de Greenpeace, près de 32 assemblages de combustible MOX réalisés par Belgonucléaire, étaient restés en attente de livraison. Ce n’est que le 18 septembre dernier que ces livraisons ont repris ; le réacteur 3 fonctionne à l’aide de ce combustible depuis octobre. Contacté par OWNI, le porte-parole d’Areva confirme l’implication de l’entreprise dans la centrale de Fukushima, indiquant que “le réacteur 3 fonctionnait avec 30% de MOX”.

Instabilité à tous les étages

Instabilité des réacteurs en présence de MOX, labilité des procédés de fabrication et falsifications de données : ces différents points étaient ainsi déjà répertoriés, dans des documents publics, dès le début des années 2000. À ces différentes alertes, il faut ajouter celle de l’Agence pour l’Énergie Atomique (AIEA), qui fait suite à un tremblement de terre survenu au Japon le 16 juillet 2007, qui a notamment affecté la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située à 250 kilomètres au nord de Tokyo et également gérée par Tepco.

Dans un rapport sur la résistance des centrales japonaises au risques sismiques, l’AIEA préconisait alors, “pour toutes les centrales nucléaires”, de faire preuve de “diligence dans l’architecture, la construction et les phases opérationnelles”, afin que les problèmes liés aux séismes “soient minimisés”.


….

De son côté, la présidente d’Areva Anne Lauvergeon déclarait hier soir sur France 2 que les multiples accidents survenus dans la centrale de Fukushima ne constituaient pas “une catastrophe nucléaire” :

Je crois qu’on va éviter la catastrophe nucléaire. Nous sommes un petit peu entre les deux.

Selon Greenpeace, le groupe français s’apprêtait à envoyer une nouvelle fournée de MOX au Japon. Une “traversée préparée dans le secret”, initialement fixée dans la semaine du 4 avril et dont le report n’a pas encore été arrêté.

Enquête réalisée avec Guillaume Dasquié.

> Retrouvez nos articles autour de la catastrophe nucléaire de Fukushima:

#3 – Les sacrifiés de Fukushima n’appartiennent déjà plus à ce monde

Un AZF nucléaire est possible en France

> Retrouvez aussi“le Big Picture sur Fukushima”

Illustration CC FlickR CmdrCord

]]>
http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/feed/ 0
Haïti : Ce qui s’est passé après la réplique http://owni.fr/2010/01/21/haiti-ce-qui-sest-passe-apres-la-replique/ http://owni.fr/2010/01/21/haiti-ce-qui-sest-passe-apres-la-replique/#comments Thu, 21 Jan 2010 15:41:31 +0000 Claire Ulrich http://owni.fr/?p=7173 Tôt ce matin mercredi 20 janvier, à environ 6h du matin heure locale, une forte réplique (évaluée à 6.1 degrés de magnitude) a à nouveau terrifié les habitants du sud de Haïti, avec un épicentre situé près de la ville de Petit-Goâve, à l’ouest de Port-au-Prince. Il s’agissait de la plus forte d’une série de répliques qui ont suivi  le  tremblement de terre du 12 Janvier qui a dévasté la capitale et les zones environnantes   (beaucoup de  Haïtiens dont la maison est toujours debout mais fissurée dorment à l’extérieur par précaution.)

Les réactions ont presque immédiatement surgi en ligne, à commencer sur Twitter. Forte réplique ! Merde !” a écrit @carelpedre (le journaliste de radio Carel Pedre) depuis Port-au-Prince. Réplique majeure, juste en ce moment  …ça m’a l’air d’une force cinq ,” a écrit  @troylivesay (le travailleur humanitaire Troy Livesay), presque simultanément. Je suppose qu’on a pas besoin de réveil quand la terre tremble et vous réveille comme si vous êtiez en retard pour un rendez-vous urgent ” a commenté @olidups (Olivier Dupoux). La réplique a aussi été signalée par @bibinetallez (Fabiola Coupet) à Petionville et @yatalley (le blogueur Yael Talleyrand) à Jacmel.

@RAMhaiti (musicien et propriétaire d’hôtel  Richard Morse) a été plus prolixe :

Encore un !! Bonjour. Hier soir je me suis couché en me demandant pourquoi je dormais toujours dehors. Ce matin, j’ai compris pourquoi.

Oui, il y a eu un autre tremblement de terre. Pas aussi long, pas aussi fort. C’était comme quand votre mère vous secoue le matin pour vous sortir du lit

Les gens hurlaient aux alentours…J’ai entendu ce qui semblait être une construction s’écrouler

Les photographes sont sortis en ville pour prendre des photos de ce qui s’était passé…Ils ont tous commencé à dormir à l’intérieur je sais pas pourquoi

Plus tard dans la matinée, des nouvelles des nouveaux dégâts ont été publiées. @troylivesay : Encore des maisons et des immeubles écroulés à cause de la réplique de  ce matin. Encore plus de monde à la rue à nouveau ce matin ” @RAMhaiti a ajouté: Un ami journaliste est allé dans la zone Carrefour Feuille après la réplique de ce matin. Dit que ce k je croyais être un immeuble qui s’écroule était plusieurs petits ”.

On a dit aussi que l’accès a internet était devenu impossible, mais on ne sait si cela a été provoqué par la réplique. @troylivesay a juste remarqué “plus d’internet”, et @JoyInHope (association caritative à Jacmel) : “Pas d’accès via AccessHaiti  à #Jacmel mais nous avons accès à iChat par satellite. L’information va être lente et rare aujourd’hui.”

Les blogueurs sur place à Haïti décrivent aussi la réplique et son effet sur les nerfs des habitants. Ellen in Haiti, une Canadienne qui travaille pour une organisation caritative dans le village de Fond des Blancs, a écrit :

Il est 6:15 et tout le monde est dehors dans la cour. Nous venons de subir une très forte réplique qui a duré environ 10 secondes. Comme d’habitude, nos pensées vont droit à Port-au-Pince où tout est si instable.

J’étais assise à la table de la cuisine en train d’écrire des e-mails et j’ai senti quand ça a commencé, je m’attendais à une autre petite réplique. Ça a grandi en intensité, ça ne s’arrêtait pas, alors j’ai crié pour appeler Nancy et nous avons couru dehors.

Les gens avaient juste commencé à respirer hier, ils travaillaient à l’intérieur des maisons ils dormaient dedans. Maintenant, ils vont de nouveau rester dehors.

BuxmanHaiti, qui elle aussi travaille pour une association caritative à Port-au-Prince, exprime une angoisse certainement partagée par beaucoup:

Je suis si fatiguée. J’ai si peur que ce deuxième séisme ait provoqué d’autres dégâts et d’autres morts. Je suis sure que la clinique va être débordée aujourd’hui…Ce matin durant le tremblement de terre j’ai sauté du lit en j’ai couru en hurlant “sortez, sortez” comme si les gens ne savaient pas qu’il fallait faire ça!

Sur le blog The Livesay [Haiti] Weblog, Troy Livesay commente:

C’est la réplique la plus forte qu’on a eu. J’ai regardé sur le Net et j’ai vu qu’ils disaient que c’était une  6.1. Je ne peux même pas décrire à quel point tout le monde est terrorisé…Ces répliques ramènent tout à la surface. Je suppose que de nombreuses constructions qui tenaient par un fil sont par terre maintenant. La réplique a duré environ 15 secondes. Le premier tremblement de terre avait duré largement 45 secondes. Chaque fois que quelqu’un ouvre le portail d’entrée (il fait beaucoup de bruit) on saute sur nos pieds pour sortir de la maison.

Mais peu après, il annonçait une nouvelle tentative pour amener les blessés à la clinique que son association gère. Pour beaucoup de personnes à Haïti, le nouveau choc de la réplique de  ce matin a déjà été surmontée par l’instinct de survie et de surmonter la catastrophe de la semaine dernière.

Le dossier spécial sur Haïti de Global Voices est ici.

» Article initialement publié sur Global Voices

]]>
http://owni.fr/2010/01/21/haiti-ce-qui-sest-passe-apres-la-replique/feed/ 1
Google, Twitter et Haïti http://owni.fr/2010/01/20/google-twitter-et-haiti/ http://owni.fr/2010/01/20/google-twitter-et-haiti/#comments Wed, 20 Jan 2010 13:08:54 +0000 Olivier Ertzscheid http://owni.fr/?p=7135 Titre original :

Secousses syntaxiques et tremblements motorisés : Google, Twitter et Haïti.

Dans le domaine de la communication de crise, on peut aisément distinguer deux catégories d’analyses : lorsqu’il s’agit d’une entreprise – devant faire face ou mettre en place une communication de crise – la littérature sur le sujet pointe surtout les “dangers” des nouveaux médias en terme de vitesse de propagation des rumeurs et l’importance – pour l’entreprise – de réagir en temps réel, et en utilisant les mêmes canaux d’information/désinformation, soit les sites de micro-blogging, de réseaux sociaux, etc …

Lorsqu’il s’agit en revanche de communication de crise dans un contexte humanitaire, et tout particulièrement depuis l’avènement de Twitter, le traitement de ces nouveaux outils de communication en temps réel est largement salué et plébiscité, quand il ne vire pas franchement au panégyrique.

De fait, l’instantanéité de la transmission, la faculté de tisser des réseaux transcontinentaux temporaires mais exceptionnellement denses, la capacité d’entonnoir financier de ces services capables de drainer des fonds plus naturellement que ne le ferait n’importe quelle ONG, de fait cet ensemble de propriétés des sites communautaires contributifs ou simplement participatifs est une opportunité remarquable dans un contexte de catastrophe naturelle.

Le drame qui touche Haïti nous en offre quelques exemples.

CHAPITRE PREMIER : TREMBLEMENTS MOTORISÉS

Google et Haïti : tremblements motorisés. Le premier exemple est celui de la société Google qui met en place un site dédié : http://www.google.com/intl/fr/relief/haitiearthquake/, site dédié accessible grâce à un lien présent sur la page d’accueil du moteur, dont la légendaire sobriété n’est que très exceptionnellement dérangée. Les stratégies d’aide de Google se déclinent en trois points :

  • l’aide aux dons : grâce à la mise en place d’un paiement simple et direct à destination de deux ONG, paiement utilisant la solution Google Checkout. Naturellement c’est également l’occasion pour Google d’élargir son portefeuille de clients “Google Checkout” (lequel service nécessite authentification préalable), mais difficile en l’occurence de le lui reprocher …
  • la cartographie dynamique : les cartes de Google Earth ont été mises à jour dès après le séisme, et se déclinent avec la possibilité d’un mode d’affichage “avant / après” qui fait frissonner et permet de toucher du doigt la “réalité” du bouleversement résultant du séisme.

Et puis il y a le widget “Person Finder”, aisément téléportable sur n’importe quel site, et qui permet de nourrir en temps réel une base de donnée publique des personnes disparues ou recherchées. Un Widget qui fonctionne avec deux entrées : “I’m looking for someone” ou “I have information about someone”.

L’offre est là. Demande. Au-delà des offres de téléphonie gratuites pour Haïti, proposées par Google Voice comme par un très grand nombre d’autres opérateurs (SFR, mais aussi les autres), au-delà des dons pas SMS proposés là encore par la quasi-unanimité des opérateurs télécom en partenariat avec nombre d’associations caritatives, au-delà des donations des entreprises elles-mêmes (Google donnera 1 million de dollars), c’est la mise en place de ce widget “Person Finder” qui me semble peut-être la plus “signifiante”, la plus caractéristique.

Du panoptique au pancatalogue. En pareil cas de mobilisation planétaire, qu’elle soit liée à des actes de terrorisme ou à des catastrophes naturelles, les médias (anciens ou modernes) se sont fait une spécialité de l’organisation de panoptiques 24h/24h, panoptiques dans lesquels défilent – parfois jusqu’à la nausée – les mêmes images, les mêmes vidéos amateur, les mêmes montages. Les “nouveaux” médias, dont Google, ne sont naturellement pas exempts de cet habitus. Mais là où les médias “traditionnels” n’ont, pour sortir de leur propre panoptique, que les ressources de l’infographie et du commentaire journalistique (ressources rapidement épuisées), Google (et d’autres, mais Google surtout …) a la possibilité de cartographier en temps réel, a la possibilité de construire ce pan-catalogue des victimes, si nécessaire même s’il ne concerne “que” ceux qui sont “étrangers” à la territorialité de ce séisme et le regardent de loin en y cherchant un proche, un ami, un membre de leur famille.

Clair-obscur technologique. Clair obscur ou plus exactement mise en abyme. D’un côté la coupure télécommunicationnelle. Plus rien ne fonctionne à Haïti. Ni internet, ni téléphone, ni radio, ni télévision. Le black-out. De l’autre, la surenchère télécommunicationnelle : SMS qui explosent (pour la bonne cause …), espaces de téléphonie “vers haïti” bradés et offerts (pour la bonne cause encore), mobilisation technologique exceptionnelle de l’ensemble des acteurs et industries technologiques. Là-bas soudain plus de télévision. Mais là-bas, presque tout de suite toutes les télévisions d’ici. La technologie, l’industrie médiatique au secours d’elle-même. Ou peut-être aussi au chevet d’elle-même.

De la réponse à l’échelle à la réponse à la carte. En pareil cas de catastrophe, seul des états avaient capacité à fournir des réponses “à l’échelle”. A l’échelle par la mobilisation des moyens humains (civils et militaires) et financiers directement mobilisables. Cette proportionnalité reste naturellement valable à la différence près qu’aujourd’hui et notamment grâce à l’un de leurs principaux hérauts (les moteurs de recherche), à la différence près qu’aujourd’hui les industries lourdes de la technologie (télécommunications au sens large) ont elles aussi la capacité de fournir une réponse à l’échelle. Mais – et la nuance me semble de taille – elles peuvent surtout fournir une réponse “à la carte”. A l’évocation de la difficulté des secours pour localiser les victimes, sous les décombres ou bien dans l’état de chaos qui suivit la catastrophe, on songe naturellement aux immenses potentialités de la géolocalisation systématisée. Et l’on s’efforce tout aussitôt de penser à l’immensité de ses dangers au regard des libertés publiques.

CHAPITRE SECOND : SECOUSSES SYNTAXIQUES.

Twitter et Haïti : secousses syntaxiques. Vétéran du cataclysme participatif, le site Twitter n’est naturellement pas en reste pour ce qui est de la situation en Haïti, même si les médias traditionnels semblent – je dis bien “semblent”, je n’ai toujours pas la télé – semblent donc y faire moins systématiquement référence (en même temps c’est vrai que CNN est sur place et … twitte en direct). J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer assez longuement sur l’intérêt et les spécificités de Twitter, dont l’une des clé de voûte est sa cohorte de Hashtags et la syntaxe afférente. Car en pareille situation de crise, on touche du doigt la double limite imposée à la fois par la briéveté des messages (140 caractères max.) et le caractère profondément hétérogène (et hétérarchique …) desdits hashtags. Si l’on veut pouvoir aller “ensemble” à l’essentiel, c’est à dire en l’occurrence porter assistance de manière coordonnée, est-il possible de se reposer entièrement sur une hypothétique sagesse des foules concernant la mise en oeuvre de Hashtags dédiés ? Certains semblent penser que non. D’où l’initiative du projet EPIC (derrière lequel on trouve deux universités et la NSF), de lancer et de propager une syntaxe spécifique à la catastrophe en Haïti. Cette syntaxe comporte trois catégories de tags :

  • “primaires” : #need #offering or #have #imok <reporting I AM OKAY> #ruok <asking ARE YOU OKAY?>
    ces deux derniers étant respectivement traduits en français par #chuiok et #teok
  • “secondaires” : #food #water #fuel #medical of #med #volunteers… can shorten to #vols
  • “de données” : #name [name] #loc [location] #num [amount or capacity] #contact [email, phone, link, other] #photo [link to photo] #source [source of info]

Signalons enfin qu’un Wiki permet d’enrichir la base de (hash)tags.

Ou comment le fait de tenter de porter secours de manière coordonnée repose la question fondamentale de l’indexation libre ou contrôlée (coordonnée). Sans pousser trop avant la métaphore on remarquera cependant que face à des logiques d’effondrement, l’indexation se réaffirme comme marqueur, comme signal, à la fois comme vestige et comme balise topologique.

Facebook et Haïti : Un grand absent ?

Après Google et Twitter, sites différemment emblématiques, après Wikipédia (dont la page dédiée s’enrichit considérablement sur le modèle établi du palimpseste), le grand absent du paysage reste Facebook dont la page d’accueil reste désespérement sans signe de solidarité apparente. De fait, et mis à part quelques publicités sponsorisées, très peu de signes de mobilisation apparente. Faut-il y voir l’illustration du modèle “fermé” que véhicule Facebook, diamétralement opposé aux logiques ouvertes de Twitter, Wikipédia ou – dans une moindre mesure – Google ?

A lire aussi sur le même sujet :

» Article initialement publié sur Affordance

]]>
http://owni.fr/2010/01/20/google-twitter-et-haiti/feed/ 3
Haïti: l’humanitaire et les médias sociaux http://owni.fr/2010/01/19/haiti-l%e2%80%99humanitaire-et-les-medias-sociaux/ http://owni.fr/2010/01/19/haiti-l%e2%80%99humanitaire-et-les-medias-sociaux/#comments Tue, 19 Jan 2010 09:12:26 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=7088 Comme le dit RWW, le tremblement de terre de Port au Prince a fait passer l’humanitaire au numérique !

Exemples :

Véritable QG d’informations sur la catastrophe, le site collaboratif Ushahidi, d’origine africaine, propose une page spéciale agrégeant de multiples fonctions (infos, aides, incidents, dons, cartes géographiques, zones de soins, flux de population…) alimentée par le web et les téléphones mobiles en plusieurs langues. Il travaille avec l’ONU et de nombreuses autres organisations humanitaires et technologiques. Ushahidi explique ici comment il s’organise.

La page Global Disaster Relief sur Facebook avait dimanche près de 100.000 fans, celle sur le seisme, Hearth Quake Haiti plus de 230.000 membres et celle del’aide plus de 108.000.

Google a mis à la disposition son service Geoye d’images satellites, une page pour venir en aide aux victimes, et une autre pour retrouver des gens.

Global Voices agrège aussi des flux d’informations (textes, tweets, photos, témoignages…) en plusieurs langues.

Le site Dipity propose une frise chronologique des informations (y compris des videos) et Wikipedia tente de rester informée des dernières évolutions en offrant une multitude de liens.

Les ONG utilisent d’ailleurs désormais très rapidement les réseaux sociaux comme ici Oxfam avec Youtube, ou l’Unicef avec Twitterl’UNDP avec Flickr, ou la Croix Rouge. Apple a également mis à la disposition son service itunes.

Les médias classiques ne sont pas en reste :

Comme le montre Hitwise, les sites des médias traditionnels ont notamment été à l’origine d’un trafic considérable vers les sites de dons pour les victimes.

Des journaux ou des télés ont créé des listes de flux Twitter sur la catastrophe, comme le Los Angeles TimesNPR, le NYTimes ou CNN, qui a recensé près de 70 flux, et qui propose une page web spéciale, comme le Miami Herald.

Comme souvent, l’équipe d’infographies animées et interactives du New York Times a réalisé des documents de qualité : l’étendue des dégats, une carte avant et après le seïsme, un diaporama.

Le site Big Picture du Boston Globe donne en très haute résolution les photos des grandes agences de presse et des reporters du groupe NYTimes.Le LA Times a produit une application flash expliquant les tremblements de terre.

Preneur d’autres exemples si vous en avez, y compris en Europe.

» Article initialement publié sur AFP Mediawatch

» Illustration issue de l’album Flickr de l’ONU consacré à la catastrophe

]]>
http://owni.fr/2010/01/19/haiti-l%e2%80%99humanitaire-et-les-medias-sociaux/feed/ 3