Sans les industries de contenu, Internet serait-il vide ?
Une incompréhension persiste toujours sur Internet, entre les industries de contenus et les usages qu’ont les internautes sur la Toile. Les premiers cherchent à modifier les technologies et la loi pour adapter le Réseau des réseaux à leur modèle, alors même que le fondement d’Internet est bel et bien la communication, le partage et la [...]
Une incompréhension persiste toujours sur Internet, entre les industries de contenus et les usages qu’ont les internautes sur la Toile. Les premiers cherchent à modifier les technologies et la loi pour adapter le Réseau des réseaux à leur modèle, alors même que le fondement d’Internet est bel et bien la communication, le partage et la collaboration.
Il y a quelques jours, Anthony Healy, le directeur de la société de gestion collective du droit d’auteur APRA (Australasian Performing Right Association), regroupant les intérêts des compositeurs, paroliers et éditeurs australiens et néo-zélandais, a eu une déclaration pour le moins surprenante, qui dévoile sans doute à quel point les ayants-droits et les lobbies sont en décalage manifeste avec la réalité d’Internet et du web en particulier, sans parler des usages des internautes.
Anthony Healy a ainsi déclaré que “sans les industries de contenu, Internet serait vide“. À première vue, la question peut se poser, tant les services de divertissement se sont multipliés ces dernières années. Nous ne comptons plus les services permettant de lire, regarder la TV, écouter de la musique, voir des vidéos ou jouer à tout un tas de jeux. Pourtant, comme le souligne TechDirt, à l’origine Internet a été créé comme un moyen de communication, et non pas un moyen de divertissement.
Bien entendu, depuis une petite décennie, la part du contenu sur le web a énormément augmenté, faisant parfois oublier que l’intérêt premier du web, celui qui a commandé à sa conception, était la possibilité de communiquer et d’échanger sans contraintes. Ces industries sont arrivés avec leur modèle, sans forcément prêter attention aux usages déjà en vigueur. Finalement, l’industrie du contenu ne verrait-elle pas dans l’Internet une version plus interactive de ce qu’elle a toujours fait ? C’est sans doute vrai, d’où ce décalage persistant entre les réels usages des internautes et de quelle façon Internet est perçu par ce milieu.
“Ils regardent Internet non pas comme il a été (et il est), mais comme ils souhaitent qu’il soit” détaille Mike Masnick. Et les agitations législatives récentes, que cela soit en France ou dans d’autres régions du monde, tendent à le confirmer. Puisque la réalité n’est pas tout à fait comme leur vision, il est nécessaire de corriger ça par la loi, en verrouillant le web ou en limitant le réseau dans ses possibilités. C’est relativement délicat, puisque le partage n’est pas seulement une “possibilité” du réseau, mais bien la norme en vigueur. Une norme passée d’ailleurs dans les habitudes de nombreux internautes.
Comme le précise Mike, “ils donnent le sentiment qu’Internet n’existait pas vraiment avant qu’ils découvrent le réseau. Ils pensent que chaque personne se connectant sur YouTube est juste là pour régarder les derniers clips TV. Ils ne réalisent pas que les internautes s’en servent aussi pour communiquer, échanger et collaborer” et qu’Internet n’est pas uniquement un grand marché de masse consommant des contenus à tout va.
Article initialement publié sur Numérama
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